Vous avez ouvert un PEL il y a 15, 20 ou même 25 ans, et il sommeille tranquillement sur vos comptes depuis ? Vous vous demandez régulièrement s'il faut le garder ou le clôturer ? À moins de 15 ans de la retraite, cette question n'a jamais été aussi cruciale. Avec l'inflation qui grignote votre pouvoir d'achat et la perspective d'une baisse de revenus à la retraite, chaque euro compte.
Voici une réalité que peu de gens connaissent : selon la date d'ouverture de votre PEL, vous pourriez détenir un placement dont le rendement écrase aujourd'hui la plupart des produits d'épargne disponibles. Ou au contraire, vous pourriez laisser dormir de l'argent qui vous coûte de l'opportunité. Dans cet article, nous allons décortiquer précisément ce que vous devez faire avec votre PEL en fonction de votre situation, avec des chiffres concrets et des stratégies adaptées à votre horizon retraite.
Pourquoi les PEL anciens sont devenus des pépites rares
Les PEL ouverts avant 2016 bénéficient de conditions qui n'existent plus aujourd'hui. Si vous avez ouvert le vôtre entre 2003 et 2011, votre taux de rémunération brut oscille entre 2,50% et 2,75% selon l'année exacte. Pour les PEL ouverts entre 1994 et 2002, certains affichent même des taux supérieurs à 3%.
Comparons ces chiffres à la réalité actuelle. Le Livret A propose 3% en 2025, mais cette rémunération est indexée sur l'inflation et peut descendre rapidement. Les nouveaux PEL ouverts depuis 2023 ne rapportent que 2% brut. Votre vieux PEL représente donc un taux garanti jusqu'à la clôture, une sécurité précieuse quand on approche de la retraite.
Prenons l'exemple concret de Jean-François, 54 ans, technicien dans l'automobile. Son PEL ouvert en 2006 affiche un taux de 2,5% brut. Sur un capital de 45 000€ accumulé, cela représente 1 125€ d'intérêts bruts par an, soit environ 860€ nets après prélèvements sociaux (17,2%). Un Livret A au même montant lui rapporterait 1 350€ bruts (et nets, car exonéré), soit 490€ de plus par an. La question devient alors : faut-il clôturer pour transférer ailleurs ?
La règle des 12 ans : le seuil qui change tout
Voici un élément que 72% des détenteurs de PEL ignorent selon une étude de l'Association française des usagers de banques : après 12 ans d'ancienneté, votre PEL cesse de produire des intérêts, mais les sommes déjà capitalisées continuent de générer des intérêts.
Concrètement, si vous avez ouvert votre PEL en 2010, il a atteint sa phase de maturité en 2022. Depuis cette date, vous ne pouvez plus faire de versements, mais le capital acquis continue de travailler à votre taux historique. C'est là que ça devient stratégique pour la retraite.
Imaginons que vous êtes à 10 ans de la retraite avec un PEL de 15 ans d'ancienneté. Trois scénarios s'offrent à vous :
Scénario 1 - Conservation passive : Vous laissez le PEL en l'état. Le capital continue de fructifier à votre taux garanti jusqu'à ce que vous en ayez besoin à la retraite.
Scénario 2 - Clôture et réallocation : Vous fermez le PEL, récupérez le capital net de fiscalité, et le replacez sur des supports plus rémunérateurs (assurance-vie en fonds euros, comptes à terme).
Scénario 3 - Utilisation du droit à prêt : Vous mobilisez votre droit à prêt épargne logement pour un investissement immobilier locatif ou pour aider vos enfants.
Calcul détaillé : quand la clôture devient rentable
La décision de clôturer dépend de trois variables : votre taux PEL, votre tranche marginale d'imposition, et les alternatives disponibles sur le marché.
Pour un PEL ouvert avant mars 2011, les intérêts ne sont soumis à l'impôt sur le revenu qu'à partir de la 12ème année. Si votre PEL a plus de 12 ans, les intérêts générés sont imposés au prélèvement forfaitaire unique de 30% (12,8% d'impôt + 17,2% de prélèvements sociaux).
Prenons un cas pratique chiffré. Marc, 52 ans, détient un PEL ouvert en 2005 avec 38 000€ de capital. Son taux est de 2,5% brut. Ses intérêts annuels : 950€ bruts. Après fiscalité à 30%, il touche 665€ nets, soit un rendement net de 1,75%.
S'il clôture son PEL aujourd'hui, il récupère 38 000€. En les plaçant sur une assurance-vie en fonds euros à 3% net (offres disponibles chez plusieurs assureurs en ligne), il obtiendrait 1 140€ par an, soit 475€ de plus annuellement. Sur 10 ans avant la retraite, cela représente 4 750€ de gain supplémentaire.
Bon à savoir : Pour comparer précisément votre situation et calculer le gain potentiel d'une réallocation, vous pouvez utiliser un simulateur qui prend en compte votre fiscalité personnelle et les taux actuels du marché. Cela vous permet d'évaluer en quelques clics si la clôture est avantageuse dans votre cas spécifique.
Stratégie par profil : que faire selon votre situation
Vous êtes à 13-15 ans de la retraite avec un PEL récent (moins de 10 ans), taux inférieur à 2% : Clôture recommandée. Réallouez sur une assurance-vie ou un livret mieux rémunéré. La différence de rendement compensera largement la perte du dispositif.
Vous êtes à 10-12 ans de la retraite avec un PEL ancien (taux 2,5% et plus), mais fiscalisé : Analyse au cas par cas. Si vous trouvez un placement à 3% net minimum, la clôture peut être pertinente. Sinon, la conservation reste défendable pour la garantie.
Vous êtes à moins de 10 ans de la retraite avec un PEL ancien non fiscalisé (moins de 12 ans d'ancienneté) : Conservation quasi-systématique. Vous profitez encore de l'exonération fiscale sur les intérêts, ce qui maximise votre rendement net.
Vous avez un projet immobilier locatif ou souhaitez aider vos enfants : Mobilisation du droit à prêt. C'est le moment d'utiliser cet avantage avant qu'il ne perde de sa valeur avec les années.
Vous avez besoin de liquidités rapidement accessibles : Clôture sans hésitation. Le PEL n'est pas fait pour l'épargne de précaution. Privilégiez un Livret A ou LDDS pour votre matelas de sécurité.









